Dans les années 1980, à Genève, le squat fut considéré comme un moyen de lutte contre la spéculation immobilière et de ce fait toléré par la ville. On créa même une police spéciale appelée « brigade des squats » sensée faire l’intermédiaire entre les propriétaires et les squatters. Au milieu des années 1990, jusqu’à 160 lieux seront occupés simultanément par près de 2000 personnes. Ayant vécu dans plusieurs de ces maisons occupées, il m’a paru indispensable de photographier ces espaces et de garder témoignage de cette relation privilégiée qu’entretiennent les squatters avec leur habitation, au fil de tout ce processus qui débute avec les occupations, se poursuit avec bonheur un temps bien trop court et finalement s’abrège au moment des évacuations… pour se réinventer sur des terrains en friches, dans des roulottes. Le mouvement n’est pas mort mais se réinvente, prouvant que ce choix de vie n’est pas seulement une lubie passagère mais un besoin à long terme.